Ola, il y a @Maamyisa qui a croisé la route d'un gorille.
L’autre jour, j’avais une heure à tuer à proximité d’une célèbre enseigne culturelle. A dix jours de déménager de l’autre côté de la Manche et vivant depuis bientôt quatre ans avec deux valises et un sac à dos, je n’avais pas vraiment prévu d’acheter des trucs d’ici là. Ma liseuse et ma tablette ont remplacé les étagères Billy depuis bien longtemps. Seulement voilà, j’avais négligé le facteur gorille.
Le facteur gorille, c’est ce qui fait qu’apercevoir n'importe quoi représentant un gorille me fait perdre toute notion de poids et d’encombrement, de franchise bagage ou que sais-je. Ajoutez un vendeur me disant furtivement à l’oreille « Très très bien, cette BD, l’auteur aborde des sujets très différents à chaque fois, celle-ci parle du traumatisme » et c’était plié. Il me la fallait, le reste n’avait pas d’importance.
Quelqu’un m’a fait remarquer « Ça a l’air so you and so cool. » Ça doit être la (non) coupe de cheveux.
Non, vraiment, je vois que ça (hem).
Motor Girl, c’est Samantha ou Sam, vétérane des Marines qui a servi trois fois en Irak et travaille dans une casse auto où elle vit retranchée du monde. Mais Sam n’est pas vraiment toute seule dedans sa tête : elle la partage avec Mike, un gorille qui est aussi son meilleur ami, et, on l’aura compris, « quelques » troubles de stress post-traumatiques. Alors le jour où des aliens débarquent dans son arrière-cour, ça pétouille un peu.
Une preuve qu’on n’a rien à voir, Sam et moi : elle a même pas de gin dans son bar.
Bon d’accord, je reconnais qu’on a des manières de communiquer relativement semblables.
Je suis pas fan du style comics américain que je trouve très statique mais j’apprécie le trait de plume de Terry Moore, épuré et totalement au service de l’histoire, qui s’affine et devient plus travaillé au fil des pages. Le récit est bien mené, à un rythme soutenu, et la trame reste parfaitement lisible malgré les nombreux flash-backs. Et surtout, les personnages sont touchants de justesse, à commencer par Sam, désabusée sans être cynique ni insensible, Mike évidemment, qui n’est dupe de rien mais encaisse tout sans broncher, et les rares membres de leur entourage, à commencer par Libby, montagne de bienveillance qui comprend qu’elle ne comprendra jamais ce qui se passe dans la tête de Sam et que ce n’est, finalement, pas nécessaire.
#HNTBUGBDN : s’il y a un gorille, tu réfléchis pas, tu prends. Parce qu’on devrait tous avoir un Mike dedans sa tête.