A boeufs sur l’infime

Contribution externe de Guillaume. (@bibliodecker pour lui diriger vos mots doux)

Tu aimes le space opera ? Non, chut, tais-toi, ta réponse va m’énerver, parce que soit ce sera « Star trucs saytrobien y’a pas mieux », soit « Han, le machin à la Star trucs saytronule ». Et dans les deux cas, je vais vouloir te défoncer, et comme je tiens à mon petit confort, j’aimerais éviter d’aller en taule. En plus, tu tiens à la vie, n’est-ce pas ? Bon.

On va parler d’un prix Hugo. Oui, Marc Levy a aussi remporté des prix. Mais là on parle d’un bon bouquin, le genre qui est encore mieux à la deuxième lecture parce que tu n’as pas tout compris à la première, parce que tu étais encore une grosse bande de nazes. Mais ça va changer grâce à Vernor Vinge. Déjà, je peux répondre à ta première question : oui, c’est son vrai nom, mais on s’en fout.

Un feu sur l’abîme, c’est une intrigue ambitieuse, dans deux réalités très différentes, l’une ultra-technologique post-singularité, où planent des IA (Intelligence Artificielle, gros naze) incompréhensibles à l’humanité, et l’autre dans un monde médiéval, le tout dans une galaxie affectée par un mécanisme inexpliqué. Au centre de celle-ci, quelque chose – quoi ? – impose des limites physiques à la technologie, et même à la pensée. Plus on s’en approche, moins les intelligences – surtout artificielles, mais aussi biologiques – sont efficaces, jusqu’à l’effondrement. Quoi le phoque, comme on dit chez les Britons.

Dans les lenteurs, cette planète médiévale, qui ne peut matériellement connaître l’intelligence artificielle, est contrôlée par des meutes de « chiens » : les Dards. Pas les Dards individuels eux-mêmes, mais des esprits collectifs de meute, dont la personnalité évolue avec la mort, la naissance et l’adoption de nouveaux membres. Sur cette planète, de jeunes survivants humains d’un crash, fuyant un danger qu’ils sont incapables de comprendre, vont apporter une Renaissance à des créatures en soif de progrès.

Pendant ce temps, en périphérie de la galaxie, la Gale s’est éveillée et s’étend depuis la Transcendance comme un virus. Plus ancienne que toute civilisation connue, cette Puissance dévorante prend le contrôle de toute pensée et processus, morceau par morceau. Une autre IA immémoriale appelée le Vieux a compris le danger. Avant de succomber, elle lance une expédition vers le centre de la galaxie, à la recherche de la contre-mesure, seule à même de stopper la Gale.

Ce dernier rempart se trouve évidemment à bord du vaisseau crashé dans les Lenteurs. Pour cette expédition, le Vieux choisit donc deux humains à même d’approcher leurs congénères : une bibliothécaire, Ravna Bergsndot, et Pham Nuwen, résurrection d’un aventurier – réel ou imaginaire ? – mort depuis 1’000 ans.

Bon, je t’en ai assez dit. Maintenant, tu lis, et si tu es sage tu auras le droit d’approcher « Au tréfonds du ciel » et « Les enfants du ciel », qui se déroulent dans le même univers. Allez, bouge ton boule, va voir ton libraire ou ton bibliothécaire préféré, j’ai autre chose à faire.

Un feu sur l’abîme / Vernor Vinge ; traduit de l’américain par Guy Abadia. – Paris : Robert Laffont, 1994. – Traduit de : A fire upon the deep. – Prix Hugo 1993. – (Ailleurs et demain). – ISBN 978-2-221-07676-7.

Le grand format est épuisé, mais on le trouve en livre de poche chez… le Livre de Poche (1998). ISBN : 978-2-253-07208-9.

#HNTBUGBDN: tu l'auras compris, oser l'aventure et écouter Guillaume. Je ne te le dirai pas deux fois !

(On est déso pas déso pour le jeu de mot du titre, level presque contrepèterie )